Afin de vivre la Coupe du monde au plus près, plusieurs activités sportives et culturelles aux couleurs brésiliennes sont mises en place au centre pénitentiaire d’Alençon-Condé.
Soleil de plomb au-dessus du terrain de sport de la maison centrale numéro 2. Six détenus du centre pénitentiaire d’Alençon-Condé forment un cercle, tapent dans leurs mains, chantent même. Un sort de la ronde, il est rejoint par une jeune femme en blanc. Les coups de pieds volent au-dessus des têtes. Aucune agressivité, beaucoup de respect. On se sert la main à la fin des échanges.
Marcelo Brandao, Brésilien et professeur de capoeira dans tout le Grand ouest, donne les consignes. Une activité mise en place par l’administration pénitentiaire en marge de la Coupe du monde. Après avoir eu des leçons sur l’histoire du Brésil, rencontré Christophe Ferron, vainqueur de la coupe de France, et en attendant de connaitre le nom du vainqueur du concours des pronostics, la petite dizaine de détenus, tous volontaires, s’essayent donc à la capoeira, sport typiquement brésilien.
Contrôle et respect
Enseigner un sport de combat à des personnes condamnées à de longues peines peut paraître étrange. « La capoeira n’est pas un sport où le contact est direct comme le karaté, temporise Marcelo Brandao. On ne fait du combat en capoeira qu’à partir de plusieurs années de pratique. Ce sport permet d’apprendre à se contrôler et de s’évader tout en restant là. »
Ce Brésilien à l’habitude du milieu carcéral, lui qui intervient dans les prisons de Laval, Rennes, Mans… Mais certains de ses élèves sont moins habitués, voire impressionnés « par les barbelés, les grillages et les tours. »
La séance d’une heure est surveillée par quatre moniteurs de sport, également surveillant pénitentiaires. Eux aussi s’essayent à la capoeira et « affrontent » les détenus. « Le sport est vital pour eux, c’est un exutoire, ils dépensent de l’énergie, indique un moniteur. Le plus important c’est qu’ils apprennent des règles de vie. Le dialogue est plus facile. Depuis le début de la Coupe du monde, chaque vendredi après-midi, un match de foot a lieu. Il n’y a pas d’arbitre. Ils jouent ensemble et se respectent, et il n’y a jamais eu de soucis sur le terrain. À la fin du tournoi, une équipe de l’extérieur viendra jouer dans la centrale. »
« Vous reviendrez ? »
Que pensent les apprentis capoeiristes après avoir bougé une heure ? « Cela permet de nous sortir de notre quotidien », indique un homme bodybuildé et tatoué.
« On remercie Marcelo et ses élèves d’avoir pris le temps de venir ici, on sait que ce n’est pas facile, poursuit un autre. On les respecte beaucoup. On est vu par les gens de l’extérieur seulement comme des mauvaises personnes. »
« Vous reviendrez ? Cela nous permettrait d’échanger entre nous sur quelque chose de nouveau. Et ceux qui n’ont pas voulu essayer aujourd’hui, un peu par honte, pourraient venir. »
Marcelo et ses élèves sont partants pour franchir à nouveau les portes du centre pénitentiaire et ouvrir une parenthèse sportive et culturelle dans la vie des détenus…